En casa. Huellas del habitar precario

Abstract

Cet article traite des sens que les hommes et les femmes en situation de rue -soumis à une "urbanité des bords" dans différentes communes de la région parisienne- donnent à leurs lieux de vie. Des sens qui émergent d'une série de scènes et de récits ethnographiques de pratiques de l’habiter et de sociabilités partagées par ces personnes. Des récits de vies actives qui mettent en évidence la violence interprétative et éthiquement questionnable contenue dans l’équation appliquée à l'analyse des expériences quotidiennes de ces mêmes personnes, qui établit une relation causale entre extrême précarité socio-économique et incapacité d'être au monde. Une équation qui les réduit à des êtres désocialisés, incapables de construire leur propre lieu, un chez-soi, où ils peuvent préserver leur intimité, organiser leur quotidien et en même temps s'ouvrir aux autres dans un geste d'accueil et d'échange. Ces histoires de mémoires et de maisons, d'expériences, de savoirs et de savoir-faire nous révèlent, au contraire du regard désocialisant, des personnes dans une lutte acharnée pour affronter chaque jour les déterminations historiques et structurelles de leur condition de vie extrême, une lutte qui les inscrit de manière inéluctable et vitale dans le monde social commun.; Este artículo trata sobre los sentidos que dan hombres y mujeres en situación de calle -sometidos a una “urbanidad de los bordes” en diferentes comunas de la región parisina- a sus lugares de vida. Sentidos que emergen a partir de una serie de escenas y relatos etnográficos de prácticas del habitar y de sociabilidades compartidas por aquellas personas. Relatos de vidas activas que ponen en evidencia la violencia interpretativa y éticamente cuestionable, contenida en la ecuación aplicada para el análisis de las experiencias cotidianas de estas mismas personas, que establece una relación causal entre precariedad socioeconómica extrema e incapacidad de estar en el mundo. Ecuación que las reduce a seres desocializados, incapaces de construir un lugar propio, un chez-soi, donde preservar su intimidad, organizar su cotidiano y al mismo tiempo abrirse al otro en un gesto de hospitalidad y de intercambio. Estos relatos hablan de memorias y de casas, de experiencias, saberes y competencias que revelan, al contrario de la mirada desocializante, personas en una lucha obstinada para enfrentar, cada día, las determinaciones históricas y estructurales de su condición de vida extrema, lucha que las inscribe de una manera ineluctable y vital en el mundo social común.; This article looks at the meanings that men and women in situations of homelessness -subjected to an urbanity on edge in various communes in the Paris region- give to their living spaces. These meanings emerge from a series of scenes and ethnographic accounts of living practices and social interactions shared by these people. These stories of active lives highlight the interpretative and ethically questionable violence contained in the equation applied to the analysis of the daily experiences of these same people, which establishes a causal relationship between extreme socio-economic insecurity and an inability to take part in this world. An equation that reduces them to desocialised beings, incapable of building their own place, a home, where they can preserve their intimacy, organize their daily lives and at the same time open to others in a gesture of welcome and exchange. These stories of memories and homes, experiences, knowledge, and know-how reveal, in contrast to the de-socialising view, people carrying out a relentless daily struggle to confront the historical and structural determinants of their extreme living conditions, a struggle that makes them an inescapable and vital part of our common social world.